“On Anima”

ANIMA is the title Jyoti Naoki Eri chose for his new exhibition. ‘Anima’, in Latin, is the soul – something which is also is animated, endowed with movement. Jyoti, being Japanese has an animist background that has led him to look for, the divine everywhere – in all manifestations of life, in all forms of nature. Similarly to an entomologist or an astrophysicist, he studies the emanations and metamorphoses of nature, tracing them in spaces where only the void seems to be ruling. He invents new equations.
Jyoti is a polyhedral artist: he is a painter, a sculptor, a photographer, a ceramist, a designer, a garden designer. Having no fear of contaminations, he crosses the border between different disciplines, experimenting hybridizations and trying, perhaps, to create new life forms or test some theories.
He works in series and pushes himself till the end of the paths he has traced, paths that are constraints he imposes on himself as a kind of framing, not being able to take a break and concluding a series only after exhausting all possibilities – by his own admission. His creative process stems from all his experiences, from all his discoveries – by all means, it is his yoga.
In this exhibition, which is the result of over four years’ explorations, some of his works are a combination of painting, sculpting, and calligraphy.
Three main series emerge.
The series named ‘Vessel’, in the form of a vase or that of a mannequin in human form, questions the duality ‘soul/body’ and its relationship with the universe. The vase, like the body, is the container. Can we really apprehend what the content, the soul, would be? What is the shape and color of the soul? Is it inside? Is it outside? What happens in the middle? What fascinates the artist is this in-between that separates opposites, it is the border. In a hypnotic game between the object and the background, he reverses the chromatic fields, substitutes the full with the empty, the inside with the outside, the depth with the surface. Dazzling tones distract the retina from what is woven into the invisible, just as a magician diverts the attention of his audience. What the artist suggests is that, perhaps, behind the appearance, our substance and that of the world are the same, and that our otherness, after all, is merely an optical illusion.

In the ‘Windows’ series Jyoti uses the calligraphy, eliminating the writing and keeping the sole gesture. He loves the moment when the line becomes totally spontaneous, a plan of action drawn in the moment.
At times he chooses natural indigo and obtains a monochrome composition; other times, according to his mood, the colors are bright and varied, and other times he mixes them. For the final composition is fragmented into squares and then recomposed. Each new bit, bearing a small golden square in its center, in its divine core, is a window, a world in itself, which acquires a new meaning according to its position in the composition and the way it combines with the whole. This visual abstraction symbolizes for Jyoti the reincarnation of the world’s soul, which, freed from the previous existence, can start a new life. Each movement, either fragmented or as a whole, is a different aspect of the divine, in progress.
And, again, windows are also present in the third series proposed by the artist, the most recent, entitled ‘Lotus’. While the symbolism is still predominant, with the choice of the gold leaf squares floating between fore and background Lotus marks a return to the figurative representation, a change inspired by a deep inner requirement.
“It was natural that I needed the clarity of lotus to complete the creative journey of the Vessels through these kaleidoscopic windows. Vessels are life in all its complexity divine and misterious” – explains Jyoti – “An artist does not only work on positive emotions, and sometimes it’s just too much to bear. This new series responds to a need. I wanted an answer, and I got it”.
The answer of Jyoti stands before us today, exposed in its magnificent evidence: the man who is the window, the man who is the instrument finds here the absolute bliss of the divine presence in all the levels of creation, and manifests the joy of the being who acknowledges in itself the almost forgotten secret of its own truth.

Dominique Jacques – Centre d’Art, December 2019

ANIMA est le nom voulu par Jyoti Naoki Eri pour sa nouvelle
exposition. Anima, en latin, c’est l’âme, c’est aussi animé, doué de
mouvement. Jyoti,d’origine Japonaise,de son passé animiste cherche le
divin en tout choses, le divin est partout : dans toutes les manifestations de la
vie, dans toutes les formes de la nature. Comme un entomologiste, comme un
astrophysicien, il en étudie les émanations et les métamorphoses, en suit la
trace dans des espaces ou ne semble régner que le vide, invente de nouvelles
équations.
Jyoti est un artiste polyédrique : il est peintre, sculpteur, photographe,
céramiste, designer, architecte de jardin. Ne craignant pas les contaminations,
il croise entre elle ces différentes disciplines, expérimente des hybridations
pour tenter peut être de créer de nouvelles formes de vie ou de vérifier des
théories.
Il travaille par séries, allant jusqu’au bout de chacun des chemins que lui même
a tracé, des contraintes qu’il s’est imposé comme une sorte de cadrage
, ne pouvant s’arrêter et conclure la série, de son propre aveu, que lorsque
ses possibilités sont épuisées. Son processus créatif se nourrit de toutes ses
expériences, de toutes ses découvertes, c’est à tous les effets un yoga.
Cette exposition, résultat de plus de quatre ans d’exploration, présente des
oeuvres mêlant peinture, sculptures, photographie.
Trois principales séries en émergent.
La série Vessel interroge, à travers la forme d’un vase, ou d’un mannequin à
forme humaine, la dualité âme/corps et son rapport avec l’univers. Le vase,
comme le corps, est le contenant. Peut on réellement appréhender ce qu’en
serait le contenu, l’âme ? Quelle est la forme et la couleur de l’âme ? Est elle
dedans ? Est-elle dehors ? Que se passe-t-il au milieu ? Ce qui fascine
l’artiste, c’est cet entre deux, c’est la frontière. En un jeu hypnotique entre
l’objet et le fond, il intervertit les champs chromatiques, substitue le plein au
vide, l’intérieur à l’extérieur, la profondeur à la surface. Les tons éblouissants
distraient la rétine de ce qui se trame dans l’invisible, comme un magicien
détourne l’attention de son public. Ce que suggère l’artiste, c’est que peut
être, derrière l’apparence, notre substance et celle du monde sont les mêmes,
et que notre altérité n’est au fond qu’une illusion d’optique.

Dans la série Windows, Jyoti utilise la calligraphie, dont il élimine l’écriture
pour ne garder que le geste. Il aime le moment ou la ligne devient totalement
spontanée, une épure d’action tracée dans l’instant.
Parfois il choisit l’indigo et obtient une composition monochrome, parfois,
et selon son humeur, les couleurs sont vives et variées, parfois, il mélange.
Car la composition achevée est fragmentée en carrés et recomposée. Chaque
nouveau morceau, avec en son centre un petit carré d’or, son noyau divin,
est une fenêtre, un monde en soi et acquiert une nouvelle signification de
par sa position dans la composition et la manière dont il se combine avec
l’ensemble. Cette abstraction visuelle, pour Jyoti, symbolise la réincarnation
de l’âme, qui, libérée de l’existence précédente, peut commencer une vie
nouvelle. Chaque mouvement, morcelé ou dans son ensemble est un différent
aspect du divin en devenir.
Et c’est encore de fenêtres qu’il s’agit dans la troisième série proposée
par l’artiste, la plus récente, intitulée Lotus. Si le symbolisme demeure
prépondérant, avec le choix de fenêtres de feuilles d’or flottant entre premier
plan et fond, Lotus marque un retour à la représentation figurative, un
changement appelé par une profonde exigence intérieure.
« J’avais besoin de la clarté du Lotus pour compléter mon processus créatif explique
Jyoti- un artiste ne travaille pas que sur des émotions positives, et
c’est parfois lourd a porter. Cette nouvelle série répond donc a une nécessité.
Je voulais une réponse, et je l’ai obtenue. »
La réponse de Jyoti est aujourd’hui devant nous, exposée dans sa magnifique
évidence : l’homme qui est la fenêtre, l’homme qui est l’instrument retrouve
ici le bonheur absolu de la présence divine dans tous les niveaux de la création
et manifeste la joie de l’être reconnaissant en lui-même le secret presque
oublié de sa propre vérité.

Dominique Jacques – Centre d’Art, Decembre 2019


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